vendredi 25 avril 2014

mardi 22 avril 2014

A PROPOS DE ROLAND SABATIER CINEASTE





En relation avec l’actuelle exposition Anti-cinéma (lettriste) & Cinémas lointains 1964-1985, articulée autour de deux programmations successives qui auront lieu du 24 avril au 14 juin 2014 et du 24 octobre au 6 décembre 2014 à Garage Cosmos de Bruxelles concernant un certain nombre des œuvres filmiques anéantissantes de Roland Sabatier, il ne semble pas inutile de rappeler l’importance de l’œuvre cinématographique réalisée par cet artiste sur une durée de plus de cinquante ans.   Nous reproduisons ci-dessous l’extrait qui lui est consacré dans Panoramique sur quelques œuvres de l’anti-cinéma lettriste, d’Anne-Catherine Caron, publié en 2009, dans le catalogue de la manifestation L’Anti-cinéma lettriste 1952-2009 organisée à la Villa Cernigliaro de Sordevolo et dont Roland Sabatier, lui-même, et l’auteur de ce texte étaient les commissaires. (...)
( suite du texte :
http://www.annecatherinecaron.com/0/evenements.html)

lundi 21 avril 2014

ACTUALITE DE LA REVOLUTION HYPERGRAPHIQUE


Un grand éditeur parisien peu connu pour ses audaces avant-gardistes, Grasset, vient pourtant de publier un roman uniquement "composé de pictogrammes" de l'artiste Xu Bing ; nous ne pouvons que saluer cette reconnaissance tardive d'une révolution hypergraphique menée dès 1950 par le mouvement lettriste et nous espérons sincèrement voir prochainement ce même éditeur consacrer une collection entière aux rééditions des "classiques" de Isidore ISou, Gabriel Pomerand, Maurice Lemaître, Roland Sabatier, François Poyet... et de tant d'autres qui rêvent de donner à la sorcellerie narrative la puissance d'un langage multimédia, puissamment esthétique et polyphonique qui hante pourtant aujourd'hui l'univers du numérique. Le roman à mots a fait son temps, nous attendons les nouveaux Joyce, Proust, Céline, Flaubert, Balzac, Stendhal... demain sur toutes nos tablettes !!! 

l'interview publiée dans Libé
(http://www.liberation.fr/livres/2014/04/17/xu-bing-l-idee-c-etait-d-ecrire-le-premier-livre-qui-ne-necessiterait-pas-de-traduction_999353)

Quelques heureux précédents....  
                                        
MAURICE LEMAITRE CANAILLES 1950          
                                                                            

GABRIEL POMERAND SAINT-GUETTO DES PRETS 1950



ISIDORE ISOU LES JOURNAUX DES DIEUX 1950








samedi 12 avril 2014

ROLAND SABATIER AU GARAGE COSMOS

Anti-Cinéma (Lettriste) 

& Cinémas Lointains

 (1964-1985)

Roland Sabatier

24 avril – 14 juin 2014

ET POUR INTRODUIRE LE SUJET...

http://www.garagecosmos.be/exhibition.php?id=13&lang=fr

lundi 7 avril 2014

EXPOSITION MAURICE LEMAITRE ; DES SURPRISES, UNE CONSECRATION




Ne boudons pas notre plaisir, presque deux ans après le passage de Retz, le lettrisme revient à nouveau bousculer le petit monde de l'art parisien sous la forme d'une exposition toute entière consacrée à l'une des grandes figures du mouvement Maurice Lemaître. La Galerie Trigano réalise là un coup de maître puisqu'elle offre pour la première fois depuis bien longtemps (je n'ai pas connu l'héroïque période des années 60 et 70 !) un choix d'oeuvres qui donnent à la fois toute la démesure d'un artiste encore largement sous-estimé (si ce n'est pour sa puissance polémique) et d'un mouvement dont sauf erreur de ma part il n'a jamais cessé de se réclamer. Les habitués de la cinémathèque et de l'underground sont depuis longtemps au fait des subversions lemaîtriennes en matière de 7ème art, moins sans doute de son oeuvre plastique qui est ici présentée à destination d'un public plus large que le cercle très restreint des habituels sympathisants lettristes. L'exposition réserve plusieurs heureuses surprises. D'abord Lemaître excelle dans les grands formats   ; les reproductions de qualité discutable (choix, taille...) dans les catalogues, les publications "maison" de Lemaître via le Centre de Créativité, ou les versions numériques disponibles sur le web ne donnent qu'une idée sommaire et souvent biaisée de la présence charismatique de certains tableaux. Lors de l'exposition au Passage de Retz j'avais été frappé en découvrant physiquement l'Epitaphe pour un Général inconnu par son architecture "en abyme", les grandes lettres/motifs d'un alphabet tout personnel appréhendent le réel par la polyphonie de ses signes et chacune d'elles devient à son tour un espace où se pressent  sur le mode de la transcription, de la reprise (les clichés photographiques sortis de leur obligation figurative), du "détournement" épuré des forfaitures situationnistes les énoncés hypergraphiques pour une féérie qui entend dépasser le visuel et l'intellectuel, pour une forme supérieure qui réconcilie l'enfer (du sens, la puissance narrative et argumentative du langage) et le ciel (la lettre comme nouvel horizon formel) ; Ensuite, parmi les oeuvres exposées il s'en trouve quelques récentes, Lemaître continue donc à travailler, à créer ; je sais que certains voudraient enfermer le lettrisme dans un âge d'or durant lequel il aurait livré ses plus grandes batailles et donné à la postérité ses grands chefs-d'oeuvres avant bien sûr de céder la place à d'autres, peut-être est-ce là un impératif du marché de l'art... Loin de moi l'idée de minimiser cette "période héroïque" riche en théories et en expérimentations ; Mais l'exemple de Lemaître devrait nous inviter à méditer la leçon de Schumpeter ; l'innovation procède toujours par rupture et approfondissement. Isou ne s'est pas contenté de sa série Les nombres pas plus que Lemaître ne s'est arrêté aux planches de Canailles (qui ont bénéficié d'ailleurs d'un nouveau tirage pour l'occasion), l'oeuvre a sa propre temporalité ; la citation, la relecture, le commentaire sans fin, ajoute aux gestes initiaux une épaisseur exégétique et plastique que Lemaître peu soucieux des modes et des humeurs de l'époque ne cesse de nourrir à grands renforts de revues, de lettres, de manifestes, tracts, appendices, suppléments... depuis le début des années cinquante. C'est dire si ici tout se tient et si chaque pièce mérite d'être restituée dans la cohérence d'un work in  progress monstrueux, tentaculaire qui poursuit et prolonge par la peinture une grammatologie ultime, dernier territoire connu avant le grand vide des temps postmodernes. Enfin, la monographie établie par Frédéric Acquaviva Lemaître, une vie lettriste (Editions de la Différence) confirme brillamment la formule de Bastiat "ce qu'on voit, ce qu'on ne voit pas" et y ajoute une dimension : "ce que vous n'avez encore jamais vu" ; le choix des reproductions présentées, la documentation réunie, en font l'introduction idéale à une oeuvre minorée, conséquente dans tous les sens du terme, et achèvent de faire de Lemaître ce classique qu'il est déjà.
http://galeriepatricetrigano.com/uploads/Communiqu___Lema__tre.pdf

Maurice Lemaître "être lettriste"
Galerie Patrice Trigano
du 3 avril au 16 mai 2014
4 bis rue des Beaux Arts
75006 Paris
















mardi 1 avril 2014

PORTRAIT DE MANUEL VALS, HERAULT DU NEOCONSERVATISME, UNE LETTRE PREMONITOIRE !

(texte publié le l1/01/2014 sur ce blog à l'occasion de "l'affaire Dieudonné")

Monsieur le Sinistre, Majesté
Je désespérais d'intéresser mes élèves zombifiés par l'insupportable culture internet tout en buzz épidémiques aux grandes oeuvres de notre belle France, à ses humanités classiques et ses audaces modernes, celles qui contribuent encore à faire rayonner ce pays comme un soleil libérateur à travers de noms magiques et incandescents : Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Hugo, Michelet, Zola, Peguy... Que d'incendies salutaires allumer en leur nom ! Je vous avais jugé à tort, toutes mes excuses Monsieur le Sinistre, je vous soupçonnais d'être coupable de tous les rigorismes, je pensais que vous étiez un passager clandestin du parti socialiste, une erreur de casting, un "faute de mieux" recalé à droite sans doute en raison de votre posture d'employé des pompes funèbres surveillant une hypothétique insurrection de cadavres à la morgue. Quelle erreur ! Ces dernières semaines ont largement démontré à quel point vous étiez un fin lettré et un homme politique avisé, ambitieux, promis aux plus hautes fonctions de cette France Rance qui avec vous s'avance décomplexée et conquérante. Quelle admirable leçon ! Depuis Malraux aucun homme politique ne s'était montré aussi féru d'affaires littéraires et artistiques que vous ! Une vraie leçon à la nation ! Pas un lycéen de notre heureux hexagone n'ignorera désormais l'histoire terrible et drôle du Nègre du Surinam dont vous avez offert ces dernières semaines une version toute personnelle, en mobilisant tous les moyens de l'état et nos impôts, pour une chasse à cours qui a tenu en haleine le pays tout entier, de manière bien plus efficace qu'un télécrochet. Merci monsieur le Sinistre ! Votre Style, dont je ne sais toujours pas s'il relève de la parodie, du drame authentique ou du gag, a son public et sa ligne éditoriale. Dans cette traque au "mauvais nègre" toujours aussi peu reconnaissant pour la bienveillance de ses maîtres, vous avez renoué avec un genre littéraire tombé en désuétude, vos amis les journalistes essaient pourtant d'en rallumer la flamme régulièrement avec plus ou moins de succès : la persécution. Certes vous n'avez pas atteint les sommets de l'affaire Calas ou de l'Affaire Dreyfus (ce n'est qu'un échauffement, vous serez meilleur la prochaine fois avec les roms), mais votre détermination en la circonstance a démontré que vous aviez l'étoffe des grandes âmes engagées dans la défense inconditionnelle des grands principes républicains : la liberté, monsieur le Sinistre, la liberté...   Mobiliser ainsi toute votre cour médiatique et toute la puissance de frappe de l'état pour réduire au silence un saltimbanque insolent, quel panache, Monsieur le Sinistre, quel courage, on voit bien là que vous avez longuement médité la leçon du capitaine Dreyfus même s'il ne s'est trouvé, hélas pour l' artiste, aucun Emile Zola dans le paysage intellectuel français tout acquis à votre combat et à la musique militaire qui l'accompagnait. Malgré ce concert d'invectives et de haine sordide appelant à toutes les barbaries contre ce "nègre marron" devenu subitement urgence nationale numéro 1, je ne désespère pas d'entendre enfin les voix lointaines de Pierre Masse et de Bernard Natan, leurs protestations venues du fond de la nuit et de l'oubli.  Vous connaissez Bernard Natan ? Sans doute votre classicisme littéraire vous rend-il peu sensible à la modernité cinématographique, d'autant qu'il s'agit d'une époque où le CNC tant défendu par vos amis socialistes et pourtant crée sous Vichy n'existait pas... Mais sa contribution au développement du Septième art mérite que son nom ne s'efface pas de nos mémoires ; s'il fut le modernisateur inspiré de l'industrie cinématographique française dans les années trente,  il fut payé en persécutions en calomnies, en diffamations, pour sa réussite et son talent. Renseignez-vous, Monsieur le Sinistre, la presse y brillait déjà par ses basses oeuvres... J'apprends que la vôtre travaille plus ou moins de concert avec la police et l'administration fiscale, pareille cohésion nationale ne peut que réjouir le contribuable que je suis, j'ignorais que le Cameroun fût un paradis fiscal, mais j'ai plaisir à voir que les services de l'Etat poursuivent avec une inégale efficacité un propriétaire de plantations capillaires et un "nègre marron" qui lui remplit les salles à chacune de ses tournées, ne doit rien aux aides d'état ni à la servitude télévisuelle...
 Monsieur le Sinistre, permettez-moi, pour finir, de vous conseiller sur quelques points de votre carrière qui s'annonce déjà élyséhaine. Vous êtes l'homme providentiel que la gauche n'attendait plus, sa part inavouée, son impensé honteux... vous pouvez réaliser cette mutation historique que votre ancien secrétaire aujourd'hui résident du pouvoir peine à assumer. Cette bourgeoisie qui dans les grandes villes et dans les médias s'affiche toujours "de gauche" en pleurant sur le sort de territoires perdus où elle ne voudrait jamais vivre, ces demandes d'ordre et de sécurité qu'elle fait entendre malgré la dilapidation hédoniste de son fort pouvoir d'achat, ce culte étonnant pour l'état et ses sévices publics dont elle n'a pas besoin mais qui tiennent les "classes dangereuses", les petites gué-guerres néo-coloniales que la France mène actuellement dans tous les Surinam avec la bénédiction des officiants du Nouvel Inquisiteur, ces pauvres qui vous fuient, ces riches qui sont vos meilleurs amis...  Inutile de chercher à droite un néo-conservatisme à la française, vos amis le portent déjà en eux tel un alien logé dans le ventre du lieutenant Rippley, mais ces naïfs perpétuent insouciants l'illusion de leur jeunesse révolue ; ils vivent encore de manière parasitaire sur les noms de Blum, Jaurès, sur les mythes de 36 et de mai 68 alors qu'ils sont foncièrement conservateurs : places, rentes, prestige, pouvoirs, ils ne renonceront à rien et pourraient se révéler non sans état d'âme les premiers à demander l'intervention de l'armée en cas de soulèvement populaire. Mais Monsieur le Sinistre, vous êtes loin de tout cela, cette ascèse intérieure, ce patient cheminement vers la sortie du socialisme, vous l'avez modestement réalisé, en secret, en observant vos amis engagés en politique, vous pensez que la France leur ressemble un peu ; ils vieillissent, sont heureusement plus argentés qu'en début de carrière, ils possèdent un patrimoine, des enfants, une ou plusieurs femmes, des maîtresses ou des amants, des charges courantes à honorer, un train de vie non négociable, ils s'inquiètent quand ils voient ces jeunes gens surexcités massés dans l'attente d'un spectacle qui n'aura finalement pas lieu, ils ont peur... ils sont prêts, Monsieur Le Sinistre, montrez leur la voie !
un vilain qui vous écrit de sa vilenie